Le Directeur général d’EDG n’est pas passé par quatre chemins mettre les points sur les i au niveau des mauvaises langues qui lient le départ du bateau turc des eaux du Port de Conakry aux quelques coupures de courant dans la capitale.
« Depuis le mois de novembre, on fonctionne sans le bateau » turc, la centrale électrique flottante dénommée Karadeniz Powership Ibrahim Bey, a indiqué Laye Sékou Camara au cours d’une conférence de presse ce lundi 10 avril 2023.
Ce bateau turc, Karadeniz Powership Ibrahim Bey, est arrivé en 2020 au port de Conakry fournir une centrale électrique flottante dans l’objectif d’accroître considérablement la desserte en électricité de la capitale. Il coûtait 4 millions de dollars aux caisses de l’Etat chaque mois. Il a quitté le port de Conakry suite à la fin de son contrat qui n’a pas été renouvelé.
« A l’EDG, on avait déjà discuté du contrat du bateau, a indiqué lundi le Directeur général d’EDG. Le contrat finissait en février 2022. A l’époque, la direction avait demandé de proroger ce contrat sur 6 ans. Moi, j’étais directeur de l’énergie à OGC où le dossier a été transféré pour analyse. Le premier rapport que j’ai rédigé à l’époque, j’ai dit que ce contrat ne peut aller que sur 5 mois. C’est-à-dire si on doit le proroger, c’est sur 5 mois. Mais nous n’avions pas tous les éléments d’EDG pour nous permettre de prendre la bonne décision. Et à l’époque, le Premier ministre avait mis en place un comité pour réfléchir sur la situation du bateau avec EDG. Lorsqu’on a reçu tous les éléments, on a prorogé le contrat pour un an. Parce qu’EDG ne pouvait supporter en ce moment le départ du bateau. C’est-à-dire que la production n’était pas là pour laisser le bateau partir. »
A l’arrivée de M. Laye Sékou Camara à la tête de la direction générale d’EDG, il s’est « penché sur cette question » de la centrale électrique flottante.
Il a préféré investir dans la réactivation des « machines qui étaient à l’arrêt » afin de pouvoir en finir avec ce contrat turc onéreux. « Parce que je n’avais plus les mots pour demander au gouvernement de proroger le contrat encore pour un an de contrat avec ce bateau. Donc, il fallait anticiper, c’est ce qu’on a fait. On a réparé toutes nos centrales. Vous avez aujourd’hui la centrale de Kipé qui est fonctionnelle aujourd’hui à 90 pour cent ».
« A Kaloum, celles de Kaloum 1 et Kaloum 2 sont fonctionnelles. Ce qui nous permet aujourd’hui de retirer ce bateau de notre système. Le bateau seulement à l’arrêt, s’il est utilisé ou pas coûte 4 millions de dollars par mois. Et depuis, le mois de novembre 2022, j’ai cessé d’utiliser le bateau. J’ai fait la contre-production de 2022-2023 sans le bateau. C’est pour dire que ce bateau nous coûtait énormément d’argent. Et c’est nous qui donnions le carburant au bateau et on payait la production énergétique. Maintenant, si je ne l’utilise pas, qu’il soit garé sur le port de Conakry, je paye 4 millions de dollars. J’ai utilisé 4 millions de dollars pour réveiller nos centrales. A mon arrivée, Kaloum 1, 2 et 5, toutes ces centrales étaient à l’arrêt sans compter Kipé. Et ça m’a couté 4 milliards GNF pour réveiller toutes ces machines ».
Et Laye Sékou Camara de couper court, en ces termes : « Les gens disent qu’il y a des coupures parce que le bateau turc est parti. Le bateau n’a rien à voir avec les coupures ».
Le bateau turc pourvoyeur de courant est une page fermée. Mais M. Camara n’oublie pas qu’il a été utile à un moment donné. Parce que « nous avons eu un incendie au poste chinois, celui de Kaléta à Tombo qui nous fait 100 mégawatts. C’est là que le bateau envoyait sa production. Il y a eu l’incendie qui a calciné carrément le poste. Mais grâce à nos centrales, nous avons pu supporter la production. C’est vrai, la consommation en carburant a augmenté, mais ça nous a permis d’éviter les délestages parce que nous avons la production et la réserve ».
EDG à l’œuvre. « Même si le bateau était là, il ne pouvait pas alimenter Conakry. Mais grâce à la technicité, nos agents et les chinois ont travaillé ensemble et le poste est récupéré aujourd’hui à 100%. Donc, ça nous permet de réduire notre consommation en carburant. » EDG fait face à la situation. Convenablement.
Par Ahmed Cissé www.conakrychallenge.com